Olivier de Schutter est rapporteur spécial des Nations Unies sur l’extrême pauvreté et les droits de l’homme.
Au sein d’un article intitulé “Social protection: enhancing benefit take-up“, il aborde la question de l’accès aux prestations sociales et des nombreux défis auxquels sont confrontés de nombreux systèmes dans le monde. La proportion de ceux qui n’ont pas accès aux prestations auxquelles ils ont droit est supérieure à 40% pour la plupart des régimes de protection sociale de l’Union européenne (UE). Le non-recours aux prestations sociales est dû principalement au manque de connaissances de l’existence des prestations, à des processus de demande compliqués et coûteux et à la peur de la stigmatisation.
L’article souligne que bien que l’UE ait une bonne couverture de la population par au moins une prestation sociale (plus de 84%), les lacunes dans l’accès à ces programmes réduisent considérablement leurs capacité à lutter contre la pauvreté (notamment pour ceux qui ont un accès limité à Internet ou des difficultés avec les démarches administratives).
Olivier de Schutter mentionne également la recommandation du conseil de l’UE sur un revenu minimum adéquat, qui appelle les Etats membres à améliorer la participation aux prestations sociales en réduisant les charges administratives et en luttant contre les préjugés liés à la pauvreté. Cette recommandation constitue une avancée considérable car la non-participation “reçoit enfin l’attention qu’elle mérite” pour citer les propos de Olivier de Schutter.
L’article présente également des exemples de pays européens, tels que la Lituanie et Malte, qui ont réussi à augmenter la participation aux prestations en utilisant des bases de données démographiques dans l’objectif d’identifier les personnes éligibles aux aides sociales, en simplifiant les processus et en “automatisant les paiements” afin que les ménages n’aient plus à présenter une demande. Cela a permis d’augmenter considérablement le nombre de bénéficiaires. Olivier de Schutter met en avant l’importance de rendre les formulaires de demande de prestations sociales moins complexes et d’impliquer les personnes vivant dans la pauvreté dans la conception des services, à la lumière de ce qui est fait en Irlande ou en Finlande.
Pour résumer, Olivier de Schutter est optimiste quant à la possibilité de résoudre le problème du non-recours à la protection sociale en Europe, grâce à des réformes telles que l’automatisation et la simplification des processus, tout en veillant à ce que les groupes vulnérables ne soient pas exclus (à titre d’exemple, les migrants sans papiers, personnes sans adresse fixe ou travailleurs informels). Il conclut en soulignant que la protection sociale est un outil puissant dans la lutte contre la pauvreté et que le travail pour combler ses lacunes en vaut la peine.